mardi 28 mai 2013

Merci à ce pédiatre pour l'élaboration de cet article sur la Plagiocéphalie

Plagiocéphalie: prévention et traitement

Si l’on regarde à l’infini le visage de son bébé, il est beaucoup plus rare que l’on prête une quelconque attention à l’arrière de son crâne, et pourtant…

L’inspection très minutieuse faite par les parents à la naissance leur a montré que sa tête, plus ou moins couverte de cheveux, était bien ronde. Comment imaginer qu’elle puisse ne pas le rester ?
L’enfant, pour dormir, est installé en position dorsale pour respecter les consignes de prévention de la mort subite; et les parents assistent, enchantés, aux transformations physiques de leur bébé.
Et puis…lors d’un examen pédiatrique, il est remarqué un aplatissement de l’arrière du crâne; soit de tout l’arrière-crâne, soit de la partie gauche ou droite de cet arrière-crâne.
Cela est dû à un appui trop permanent de ce crâne sur le plan de son lit.
Le crâne du bébé n’est pas, en effet, une masse dure indéformable. Il est constitué de plaques osseuses séparées par des ponts, des sutures et fontanelles qui rendent l’ensemble malléable. De même qu’un abricot mûr que l’on laisserait trop longtemps sur une assiette finit par s’aplatir, de même le crâne du bébé trop longtemps plaçé en appui postérieur finit lui aussi par s’aplatir. Soit aplatissement de toute la partie postérieure du crâne = Brachycéphalie; soit aplatissement sur un côté choisi par l’enfant pour dormir = Plagiocéphalie.

Brachycéphalie :L’arrière du crâne est uniformément aplati.

Plagiocéphalie :L’arrière du crâne est aplati sur un côté

20% des nourrissons « occidentaux » sont atteints d’une déformations de l’arrière-crâne.

Entre 1995 et 2010 le pourcentage de ces déformations est passé de 5 à 20% ( source: Revue pediatrics 2013)
Ces déformations sont-elles anodines et transitoires ? NON
Pourquoi?
Il est prouvé qu’à partir d’un certain degré de déformation, celle-ci restera définitive et entraînera donc une situation inesthétique permanente chez le grand enfant et plus tard l’adulte.

Garçon de 3 ans 1/2: plagiocéphalie droite persistante.


Par ailleurs certaines études viennent semer le trouble quant à de possibles conséquences  cérébrales: un retard du coeficient de développement et des performances cognitives a été noté chez des enfants de 36 mois ayant présenté une déformation crânienne postérieure positionnelle, en comparaison avec un groupe témoin indemne de toute déformation. (Académie Américaine de Pédiatrie)
Ce qui n’est pas pour surprendre vraiment quand on sait que le cerveau est plaqué contre la paroi osseuse et qu’il va donc subir lui aussi une déformation et une compression.

La prévention.

A la maternité: dépistage d’un torticolis congénital:
Parfois l’enfant est un peu « coinçé » dans l’utérus maternel et son corps subit des contraintes. Les contraintes peuvent s’exercer sur les pieds, avec retentissement possible sur les hanches recherché systématiquement; elles peuvent s’exercer sur le crâne qui se retrouve désaxé par rapport au cou. L’enfant naît alors avec une tête penchée d’un côté.
L’examen de la tête des nouveaux-nés se devrait d’être systématique; les déformations étant plus fréquentes pour un premier né, un garçon, un gros poids de naissance, un jumeau de plus faible poids.
Les manoeuvres ostéopathiques pour assouplir les muscles du cou doivent être mises en place rapidement pour redonner un équilibre vertébro-musculaire correct. Sinon l’enfant ira forcément choisir de dormir du côté qui le contraint le moins, et développera une plagiocéphalie.
De retour à domicile : Il faut impérativement alterner le côté d’appui du crâne sur le plan du lit.
Bébé dormira ainsi alternativement la tête tournée à gauche, puis à droite. Alternativement, un jour sur deux, ou une tétée ou un biberon sur deux selon votre choix. Et attention à la position du bébé dans son lit quand il est encore dans la chambre des parents. C’est sympathique et rassurant pour la mère allongée de voir la figure de son bébé, mais si cela implique qu’il dorme toujours du même côté, il y a risque de déformation. Changez la position du berceau, ou changez la position du bébé dans son lit ou..changez vous même de place.
Jour après jour, à la maison:
- Continuer d’alterner la position de la tête
- Alterner la direction des stimulis: mobile, lumière;
- Si l’enfant est nourri au biberon, alternez la position de vos bras qui soutiennent l’enfant,
- Ne le laissez pas s’endormir ou séjourner trop longtemps dans un baby-relax ou une cocque rigide,
- Alternez la position de la tête de l’enfant quand il est porté dans un porte bébé.
- Placez le sur le ventre plusieurs fois par jour, quand il est éveillé, afin de « muscler »son cou.
- Attention aux matelas qui « cocoonnent »; la tête du bébé s’enfonce si bien dans ce « chamalow » qu’elle a du mal à glisser de droite à gauche. Et comme l’enfant choisi souvent un côté, celui-ci s’enfoncera et se fixera volontiers dans ce nid douillet.

Le traitement d’une déformation constituée.

Une seule règle: ne plus permettre l’appui sur la zone aplatie.
Il faut donc placer l’enfant en position latéralisée pendant son sommeil:
- En alternant régulièrement les côtés droits et gauche si l’aplatissement postérieur de la tête est uniforme;
- En ne le positionnant la tête que du côté opposé à la déformation, si l’aplatissement est unilatéral.
Comment réaliser cette position latéralisée ? Avec un coussin de latéralisation.


Positionneur latéral


Ce coussin, adapté à la croissance du bébé, ne sera, au départ qu’installé pendant la journée, sous surveillance des parents. On vérifiera que le sommeil de l’enfant est correct, que le coussin est bien supporté et que la position de l’enfant reste stable. Rapidement ce coussin sera proposé jour et nuit.

L’ostéopathie est-elle utile pour corriger une déformation constituée ? Oui si elle accompagne le traitement positionnel. Non si elle reste un traitement unique et isolé, et ce, quelque soit le nombre de séances…
Le casque est la seule solution de rattrapage d’une déformation sévère. Porté pendant plusieurs mois, le casque passe en « pont » au dessus de la déformation, permettant progressivement l’expansion de la zone aplatie vers sa courbure physiologique. Mais il s’agit d’un traitement « lourd » (et cher).


Casque de remodelage crânien

 Pourquoi cette fréquence élevée de plagiocéphalies  positionnelles postérieures?

Parce que la règle est de faire dormir son enfant sur le dos pour éviter la mort subite du nourrisson (MSN); et parce que ces aplatissements du crâne sont à peu près ignorés ou minimisés par les médecins.
La règle du dormir sur le dos a été élevée au rang de commandement biblique, sans que les conseils de bon sens n’y aient été clairement associés. En l’occurrence les simples règles de positionnement alterné sur le côté de la tête des bébés n’ont pas, et ne sont toujours pas énoncées. Et les objets de puériculture tels les cale-bébés dorsaux ou autres matelas cocoonant ont ainsi envahi le marché du « bien dormir »et généré de nombreuses têtes plates. La grande peur étant celle du retournement sur le ventre des enfants, on a oublié de rassurer les parents en leur expliquant qu’un bébé ne pouvait pas se retourner seul du dos sur le ventre avant 4 mois. Aucune prévention anti-tête plate n’est organisée officiellement.
Quant aux professionnels de santé, ils ignorent souvent le problème, ne cherchent pas à le dépister, ou adressent l’enfant à l’ostéopathe qui ne pourra jamais seul « redresser » un crâne.
La lecture du site plagiocephalie-moncombat.blogspot.fr est édifiante. Vous y découvrirez le combat d’une mère qui s’est heurtée aux « têtes bornées » pour faire soigner son enfant.
L’association plagiocéphalie info et soutien  a recueilli d’immenses données concernant la plagiocéphalie.
Si vous vous sentez concernés, signez leur pétition de reconnaissance et de meilleure prise en charge de ce handicap.
Bref ! Si les parents s’attacheront, c’est sûr, à ce que leurs enfants aient la tête bien pleine ; il reste néanmoins à tout faire pour qu’il aient aussi la tête bien faite !
Rédaction: Dr Thierry Marck

mardi 7 mai 2013

L’ostéopathie pour rééquilibrer les bébés


Avec ses mains, l'ostéopathe mobilise le corps du bébé. Il le manipule doucement, pour éliminer les tensions et contraintes liées à la compression dans le ventre de sa mère et aux traumatismes de la naissance.
Florence Arnold-Richez  - Crédit photo : Francine Bajande  -  Avec le Dr Bernard Roth, pédiatre attaché à la maternité du centre hospitalier de Sélestat, dans le Bas-Rhin. - 3 mai 2013
Coliques, torticolis, maux de tête, digestion difficile… Votre tout-petit peut connaitre quelques désagréments après la naissance. Les débuts d’une vie sont parfois un peu laborieux ! Dans le corps humain, tout est relié et un dysfonctionnement peut en entrainer un autre. Si votre nourrisson a un torticolis et des coliques, il peut y avoir un lien de cause à effet. Le bon réflexe : vous rendre chez un ostéopathe spécialisé. Non seulement ce professionnel rééquilibrera le métabolisme de votre nouveau-né mais en plus celui-ci en sortira relaxé.
  • ostéopathie massage digestion - image

    Jamais de craquements

    Noa, 1 mois et 8 jours, emmitouflé dans son pilote matelassé, a l’air d’un cosmonaute en hibernation. A l’intérieur de la maternité du centre hospitalier Louis Pasteur de Sélestat, derrière les fenêtres en hublot de bateau, chaleur douce en plus, c’est la même sensation d’enveloppement que dans un cocon douillet. Le Dr Bernard Roth, pédiatre et ostéopathe attaché à la maternité, consacre sa consultation de cet après-midi à la “médecine manuelle ostéopathique”. « Salut bout de chou ! Vous êtes la maman ? Venez à côté de moi. » Macha s’exécute, c’est plus rassurant pour son bébé. « Ça va mieux ? », poursuit-il. « Oui, il est bien moins bloqué ! » A son quatrième jour, avant sa sortie de la maternité, Noa avait été signalé au médecin par l’une des sages-femmes pour un torticolis. Formées depuis longtemps à toutes les pratiques « autres que la gynécologie obstétrique pure et dure : sophrologie, acupuncture, homéopathie, liberté de postures d’accouchement… », comme le dit le Dr Christian Grall, le chef de service, les sages-femmes de cette maternité procèdent toujours ainsi. Lors de la visite réglementaire de sortie, elles sollicitent le Dr Roth, pour diagnostiquer les troubles nécessitant éventuellement des mobilisations manuelles : pieds qui tournent, clavicule fêlée, pleurs excessifs, difficultés à téter, torticolis, puis, un peu plus tard, troubles du sommeil, coliques, reflux, crâne aplati à l’arrière, otites, pleurs chroniques… Il mobilise, stimule, masse, mais toujours après avoir fait un examen clinique traditionnel complet, voire prescrit des examens complémentaires si nécessaire. Il insiste : « Ce n’est pas de l’ésotérisme, mais de la médecine. ». « Je pousse, je tire et Noa s’étire… ». Aujourd’hui, Macha consulte car Noa a des problèmes de digestion. Le médecin enlève le pilote du bébé. Mais pas les chaussettes. « Ils détestent tous avoir les pieds nus ! » Il le prend délicatement “en berceau”, la petite tête moulée dans sa grande paume et le corps allongé sur son avant-bras. « Jamais sous les aisselles car il faut éviter tout ce qui pourrait le mettre en hyperextension vertébrale. » Il entoure maintenant le crâne duveteux de ses deux paumes : « La chaleur de mes mains a des vertus calmantes. » Dans cette pratique, tout est douceur, mise en condition sécurisante, maternante. Sans jamais effectuer de craquements, manipulations ou pressions fortes. Mais toujours avec des mobilisations successives et délicates, des effleurages et massages légers. La médecine manuelle ostéopathie (le Dr Roth tient à cette appellation) « consiste en un ensemble de gestes qui permettent de diagnostiquer du bout des doigts, puis de traiter manuellement les dysfonctions du bébé en restaurant la mobilité de ses muscles, ligaments, tissus et sutures », dit-il.
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    Manipulations du crâne pour relâcher les tensions

    « Alors Noa, prêt pour l’aventure ? » Sourire aux anges, à sa maman ou au pédiatre, on ne sait… Le médecin explique à Macha. « Dans votre ventre et lors de sa naissance, Noa a été soumis, comme tout bébé, à des contraintes mécaniques plus ou moins traumatisantes. D’autant plus s’il a fallu recourir aux forceps ou ventouses. D’où des microdéplacements entre l’os occipital, à l’arrière de son crâne, et les premières vertèbres de son cou. Sa tête s’est mise à tourner, à pencher sur le côté, et les muscles de son cou se sont contractés en un mouvement réflexe : c’est le torticolis. Je vais vérifier les sutures osseuses de son crâne qui, peut-être, se chevauchent encore un peu. » Le médecin inspecte délicatement les fontanelles de Noa, allongé sur le dos. Du bout des doigts, il palpe la suture entre l’occiput et l’os temporal, la “mastoïde”, là où se situe le “trou déchiré postérieur”. Un drôle de terme qui définit l’endroit où passent des nerfs commandant de grands organes, comme l’estomac et les intestins avec le nerf pneumo­gastrique. « Je mets en “rapprochement” cette zone : je perçois sous mes doigts un relâchement. Je peux aussi la mettre en tension puis attendre le relâchement des tissus », dit-il en stimulant des points réflexes d’acupuncture dans une zone du crâne appelée “triade des céphalées”. Il y passe, selon cette médecine chinoise, les vaisseaux gouverneur, vésicule biliaire et vessie, points de réflexothérapie par lesquels le praticien rééquilibre le système nerveux végétatif. « Je pousse, je tire et bascule successivement chacun de ces points. Le bébé s’étire… » 
    Le bébé en pédale de bonheur ! Le Dr Roth enfile ensuite un gant en latex et glisse un doigt dans la bouche du bébé, déclenchant le réflexe apaisant de succion. En même temps, cette “prise de palais” lui permet d’évaluer la façon dont le bébé tète et, simultanément, de stimuler, de l’intérieur de la bouche, la zone de tension entre l’occiput et l’os sphénoïde, toujours à la base du crâne. Puis, il mobilise un autre os sous la langue, l’hyoïde, car Noa a un peu de mal à déglutir. Pas très content, cette fois, mais nettement plus cool lorsque le médecin “travaille” délicatement son diaphragme qu’il met en tension et dont il accompagne le mouvement, dès qu’il inspire.
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    Des viscères au dos, une exploration complète

    Le pédiatre maintient désormais Noa en position assise contre lui. Des deux mains, il mobilise son estomac, en le poussant posément vers le bas. Puis le médecin allonge à nouveau Noa. Ses paumes sur le ventre du bébé, un peu tendu par des gaz, il masse dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. « Je disperse l’excès d’énergie des viscères en partant du nombril, pour aller vers l’extérieur. S’il était constipé, je ferais l’inverse », dit-il. Puis, à l’aide de ses doigts repliés en griffes, de chaque côté du nombril, et en allant encore une fois vers les flancs, il pratique des massages tibétains : « Je sollicite ainsi les capteurs vibrateurs de la peau. Le but de ces gestes est d’inonder de signaux mécaniques la moelle épinière, pour y bloquer les messages douloureux issus des organes, en recherchant un relâchement des tissus. » Dernier épisode de cette séance qui a duré plus de 20 minutes : le Dr Roth pinçote comme une corde de guitare, chaque étage de la colonne vertébrale de Noa, allongé sur le ventre. Il insiste entre les vertèbres T9 et T5, espace déterminant pour le fonctionnement du tube digestif. Puis, les doigts repliés, il bloque, pousse, pétrit comme une bonne pâte la peau sous la nuque, riche en capteurs neurovégétatifs destinés à la moelle épinière cervicale, laissant, de chaque côté, une ligne de petits ronds blancs.
  • ostéopathie - prise contre torticolis - image

    Tordre le cou au torticolis

    Kewan a un torticolis du côté gauche, mais n’a pas l’air de souffrir le martyre. Pour l’heure, il décoche à l’assistance une série de grimaces drolatiques, comme seuls les nouveau-nés savent en faire. Sa maman, Jessica, se positionne comme Macha tout à l’heure, à côté du médecin qui entoure les oreilles et le front du bébé de ses paumes chaudes. « Allez mon bonhomme ! Je tourne, je teste la limitation de la rotation à gauche… » Avec la pulpe des index, il stimule la suture au-dessus du nez, pour dégager le canal lacrymal. Puis il met un doigt sur chacune de ses tempes pour exercer une pression sur les os dont les sutures peuvent aussi jouer un rôle dans la fixation du torticolis. « Je sens bien qu’il n’a pas mal ! », dit-il rassuré. D’ailleurs, Kewan bâille à s’en décrocher la mâchoire. La tête du bébé empaumée des deux côtés, le médecin lui imprime un mouvement de balancement en “ni oui ni non”, de droite à gauche. Il mobilise ensuite toutes les vertèbres cervicales. Enfin, de son doigt ganté, il fait une “prise palatine” tout en reproduisant, la tête en flexion, le même mouvement de ni oui ni non. Pas de chouinement. Au contraire, Kewan est détendu, presque endormi !Debout, le Dr Roth l’installe à plat ventre en oblique contre son torse, tête vers le bas pour la mobiliser de droite à gauche, en profitant de l’effet de pesanteur. « Le torticolis s’est nettement débloqué, commente-t-il pour David, le papa, et Jessica. Mais, pour améliorer le résultat, je vous conseille de corriger ses postures du quotidien, de sorte à stimuler son regard de l’autre côté : comme il est en latéroflexion gauche rotation à droite, positionnez le berceau de telle sorte que son regard soit attiré vers la lumière côté gauche. Surélevez son lit par une cale unique en haut à droite. Placez son mobile au pied du lit. Donnez-lui le biberon côté gauche si possible. Evitez qu’il ne glisse en bas de son transat, pour ne pas aggraver l’extension de la nuque quand il cherche à voir son entourage… Je le revois à 3 semaines et à 2 mois ! » Kewan s’est endormi tout contre sa maman. « La maman est cool, donc le bébé l’est aussi. Normal, il en est la photocopie émotionnelle ! », conclut-il. 


    RQ: De plus en plus de mutuelles prennent en charge ces consultations (renseignez-vous préalablement auprès du praticien).